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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 21:17

Sylvie Dubin : "Cette ville m'accroche le coeur"

Alors que débute la saison des prix littéraires, nous avons eu envie de donner la parole aux écrivains angevins. Quelle perception ont-ils d'Angers ? Avec leurs mots, ils nous parlent de leur rapport à cette ville. Première à se livrer à cet exercice : Sylvie Dubin , auteur de "Vent de boulet" (Editions Paul&Mike)

"Certaines rencontres marquent à jamais la perception que l'on a d'une ville. Je visitais le château du Roi René, j'avais franchi ses douves aux parterres un peu maniérés, et me trouvais dans la salle de l'Apocalypse. C'est là que je suis tombée nez à nez avec un lapin. A vrai dire, je le cherchais;on m'avait dit qu'il gîtait dans la fameuse tenture. Au bas de la troisième pièce, dans le bandeau figurant le sol, je l'ai débusqué. Il avait déjà pénétré dans son terrier, ne laissant voir que son arrière-train. Fuyait-il, au- dessus de lui, le terrible Dragon combattant les serviteurs de Dieu ? Les tableaux suivants n'avaient rien de rassurant. La Bête, toujours la Bête. Mon lapin se gardait bien de réapparaître. Il s'y décida, quelque trente pas plus loin, quand une voix du ciel annonça à Jean que les morts, au jour de la Résurrection, seraient jugés selon leurs oeuvres. Mon animal ne risquait plus rien, lui qui était blanc comme neige...

                               La tête vers l'avenir

Un lapin blanc , oui pareil à celui d'Alice, le museau frémissant, les oreilles dressées et l'oeil clair. Rira- t-on si je dis qu'Angers est pour moi tout entière résumée dans ce lapin blanc ? Un lapin prudent qui évite de se mêler aux scènes principales, se plaît plutôt à caracoler côté jardin, dans la tranquillité des fleurs. Le cul dans le passé, la tête vers l'avenir, témoin à la fois de ce qui est à craindre et de ce qui est à espérer, de l'erreur et de la nouvelle chance. L'arrêt de Louis Guilloux m'étonne : "Ville sans mystère sous le plus niais des ciels, Angers." Sans mystère ? Il n'avait pas dû suivre le lapin blanc, quittant le Mail tiré au cordeau, longeant les façades bienséantes des immeubles haussmanniens, pour fouler les pavés capricieux de la vieille cité; il avait raté sur le pont de la Basse-Chaîne, les soleils d'automne sur la Cale de la Savatte, et les nuées chavirées au-dessus de la Censerie. Lui a t-on au moins raconté la galerie souterraine qui relie le Carmel au Château ? Je sais, moi, l'entrée secrète de ce formidable terrier : elle est dans mon jardin...Je ne comprends pas davantage la tenace prévention de Gracq à son égard, qui raille une ville "au pouls légèrement ralenti". La lenteur d'un pouls n'est-il pas gage de longévité ? Il n'a pas eu le temps de croiser skaters et breackdancers devant la coque de verre du Quai ; il n'aurait sans doute pas goûté les tempos furieux sur les rives de la Maine, les nuits d'été.

                                                            Rien de trop 

Angers est une ville moyenne, je le concède ; elle n'a rien de trop : riche sans trop, peuplée sans trop, animée sans trop. Sans doute, faut-il aimer la mesure pour aimer Angers. Ce rien de trop, je le consomme quant à moi sans modération. Si je devais citer une ville où il est doux de vivre, c'est elle que je mettrais au tout premier plan, elle qui m'accroche le coeur...

Et puis je suis liée à Angers par une révélation: j'y suis entrée en écriture , comme on entre en sainteté -toute proportion gardée, histoire de revenir à mon lapin d'apocalypse. Il s'aventure hors de son terrier, tandis que l'apôtre attend, un rouleau sur les genoux, plume à la main. Un Ange paraît et lui dit : "Ecris !" Il déploie un phylactère portant la parole divine , que Jean n'aura qu'à recopier. Heureux homme qui n'a pas à chercher l'inspiration ! Mais ce parallèle me flatte, je sors de cette modestie que je viens d'encenser. Mea culpa : au regard du livre sacré, les miens ne valent guère mieux qu'un pet de lapin." 

 

(Extrait d'Angers. maville du 26 octobre 2016 au 1er novembre 2016 (petit journal gratuit de la ville d'Angers)   

 

  

 

                 

               

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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 23:32
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16 octobre 2016 7 16 /10 /octobre /2016 20:43
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS
ANCIEN COUVENT DE LA BAUMETTE A ANGERS

ANCIEN COUVENT DES BAUMETTES PLACE ALBERT CHEUX A ANGERS

Le 25 octobre 1452, le roi René posa la première pierre du futur couvent de la Baumette dans un rocher de schiste ardoisier, le roc de Chanzé , que son ami le comte de Laval lui offrit "pour son ébat et plaisir". 

Le Roi René , comte de Provence, avait une grande dévotion pour Sainte Marie -Madeleine qui finit ses jours en Provence dans une grotte (Baume en provençal) qui est encore aujourd'hui lieu de pèlerinage, "La Sainte Baume" non loin de Toulon. 

Il trouva une petite ressemblance entre le roc de la Sainte Baume et son roc de Chanzé et décida d'y construire un couvent voué à Sainte Marie-Madeleine et qu'il appela la petite Baume: Baumette. 

Le 30 août 1454, la construction étant achevée, le roi René y fit porter solennellement des reliques (une fiole contenant des cheveux de Marie -Madeleine entre autres). Le 30 janvier 1456, le roi René signa de son manoir de Chanzé (au pied du rocher) la charte qui appelait les frères franciscains : les Cordeliers. C'est le 8 mars 1464 qu'a eut lieu la dédicace solennelle de la chapelle et le 8 décembre 1467 que le pape Paul II confirma la fondation du couvent. 

Ce couvent s'organise selon le plan Bénédictin classique: une chapelle orientée vers l'Est, un cloître bordé sur un côté par l'à pic de la roche et sur les autres côtés par des lieux d'études, de travail avec une importante bibliothèque, des lieux d'habitation: réfectoire-cuisine-dortoirs-buanderie-caves;un plan simple, pour une réalisation exceptionnelle, puisqu'il faut entailler la roche sur plus de 15 m de hauteur pour y loger la chapelle, le cloître et les bâtiments conventuels.

A cette époque résidaient vingt religieux dont un professeur et cinq prédicateurs mais aussi des frères convers chargés de l'entretien et de la vie "économique" du couvent. Il est probable que Rabelais séjourna vers 1510 à la Baumette pour peut-être y faire son noviciat. Sur la dernière photo, on peut voir la porte évoquée par Rabelais dans son Pantagruel , porte qui menait à la cave contenant les vins , cave qui se situait en haut et non en bas du bâtiment. Le guide nous a expliqué aussi que Rabelais avait de la famille à Angers.

Après 140 ans de présence, les Cordeliers quittent le couvent et sont remplacés par les Récollets à l'initiative du frère gardien (équivalent du prieur dans les monastères) Garnier dit "Chapouin", de retour d'une recollection en Espagne confirmant la réforme (acceptée par l'ordre des Franciscains) et fondant ainsi la première maison "Récollette de France". Les lieux conventuels sont réhabilités, la chapelle agrandie d'un tiers pour y loger la vaste tribune (le choeur) remplaçant le pupitre en bois d'où on chantait les offices. 

Henry IV y vint entendre les vêpres en 1598 (à la veille de signer l'Edit de Nantes). 

Le 11 août 1614, Louis XIII vint en bateau assister à la messe à la Baumette.

Presque cent ans plus tard, les frères Récollet partent s'installer à Angers , pour être plus proches des Angevins. Ils ouvrent un hospice (près de St Laud) et créent un nouveau couvent. 

La Baumette devient un lieu d'accueil pour les personnages importants venus s'y recueillir, d'où un effort architectural pour rendre les bâtiments plus dignes de ses visiteurs. Le cloître se voit doté de belles arcades au style "classique", les chambres de la partie Sud sont aménagées, , leurs menuiseries remplacées par des encadrements en pierre, des bâtiments annexes sont supprimés offrant ainsi une cour agréable (1758).

A la  Révolution, il ne reste plus que le père gardien et deux frères quand la Baumette est vendue comme bien national. Elle fut achetée successivement par Monsieur Fillon puis par Monsieur de Jully (propriétaire de Châteaubriant). Celui-ci autorise un potier à installer son four et à produire ses poteries pendant une dizaine d'années ainsi qu'un élevage de lapins et pour finir , par mettre les lieux à disposition du séminaire comme maison de campagne. 

Jules Cheux devient à son tour propriétaire en 1830, remet les bâtiments au goût de l'époque (percements dans la façade sud , enduits décoratifs) et édifie une tour octogonale de 4 étages (20 m) pour effectuer des observations et des relevés météorologiques qui rendront célèbre son fils Albert Cheux jusqu'à son décès en 1914. Les deux coups de canon d'un char US tirés des hauteurs dominant le Pont de Pruniers, l'effondrèrent en août 1944.

Depuis la Baumette (habitée par la famille Robert , parent des Cheux) garde précieusement sa chapelle qui possède encore sa voûte en châtaigner de 1452 et un important autel offert par le Maréchal de Brissac en 1616, son cloître, les vestiges de la bibliothèque et de la sacristie, un beau réfectoire avec plusieurs peintures murales, son escalier homme-bête-eau taillé dans le schiste et ses différentes terrasses -jardins depuis le haut du rocher jusqu'au bord de la Maine.

Classé Monument Historique en 1941,  l'Ancien Couvent de la Baumette est encore de nos jours un des plus prestigieux sites dont peut s'enorgueillir la communauté angevine. 

(extrait de la brochure donnée lors de la visite.  Le site peut être visité le  3 ème dimanche de chaque mois).

Sur la première photo, on voit la chapelle où par endroits la roche est visible. La dernière photo est une copie de la statue de Marie-Madeleine qui existait dans cette niche au temps du Roi René. Depuis la Révolution, cette statue est au couvent des Bénédictines du Calvaire    

                

                             

    

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11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 21:19
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS
EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS

EGLISE DE LA MADELEINE A ANGERS

L'érection en basilique mineure de l'église paroissiale.  

 

Mardi, la paroisse de la Madeleine était en fête pour la cérémonie d'érection de la belle église en basilique mineure, privilège accordé par le pape Pie XI, à la requête de Mgr Rumeau. Cette église, dont la construction fut commencée en 1873, fut érigée en exécution d'un voeu fait par Mgr Freppel, qui aurait demandé que son diocèse fut préservé de l'invasion allemande, voeu renouvelé en 1914 par Mgr Rumeau. Pour cette circonstance, toute l'église était pavoisée de banderolles et d'oriflammes. C'est Mgr Nègre, archevêque de Tours, qui présidait la cérémonie et qui célébra pontificalement la grand-messe.

Etaient également présents, Mgr Grellier, évêque de Laval, Mgr Rumeau, évêque d'Angers, Mgr Jouin, curé de Saint- Augustin de Paris, Mgr Gry, recteur de l'Université catholique, le chapître de la cathédrale, les curés de la ville, les représentants des congrégations, le R.P Baragnon des Bénédictins, le R.P Letroit des Redemptoristes, le R.P Etchevery des Oblats et un nombreux clergé. On remarquait également la présence de Mr Pottier, adjoint au maire, Gauvin, Dutertre, conseillers municipaux,

Le clergé alla processionnellement chercher les prélats au patronage de la rue de la Madeleine et le cortège se dirigea vers l'église. La messe commença aussitôt. Mgr Nègre était assisté à l'autel de Mgr le chanoine Dufresne , supérieur au grand séminaire et de Mgr le chanoine Coste , secrétaire général de l'évêché avec Mgr Thibault et Mgr le chanoine Manceau comme diacre et sous-diacre d'honneur. Les élèves du grand séminaire ont assuré la partie chorale avec une rare perfection.

Avant l'Evangile, Mgr Rumeau monta en chaire. Il dit sa joie de voir ériger en basilique cette petite église qui rappelera dans les siècles futurs , la pensée de Mgr Freppel, d'illustre et pieuse mémoire, qui par son intercession, obtint que l'Allemand vainqueur ne franchit point les limites du diocèse. Il remercia l'archevêque métropolitain de Tours et Mgr de Laval d'avoir bien voulu honorer cette cérémonie de leur présence puis il donna lecture du décret pontifical qui érige l'église de la Madeleine en basilique mineure rattachée à la basilique de Saint-Pierre de Rome. 

Ajoutons ce détail que l'église de la Madeleine est la seule du diocèse à posséder un tel titre et que parmi les privilèges concédés figurent pour le cierge de la paroisse le droit de porter la soutane violette.

Mgr Jouin, protonotaire apolistique et curé de Saint-Pierre de Paris, prononça alors un sermon dans lequel iil rappela les voeux de 1870 et de 1914 et glorifie le culte du Sacré-Coeur. L'Insigne est alors remis à Mr le chanoine Fruchaud, curé de la Madeleine, il consiste en un pavillon aux couleurs jaune et rouge, qui symbolise les tentes de Jacob et des anciens patriarches qui abritaient le peuple d'Israël et la clochette d'or qui appelle les fidèles aux offices, M. le chanoine Fruchaud reçoit en même temps le bief pontifical. L'office continue ensuite majestueux. A l'entrée de l'église ont été placées deux plaques de marbre sur lesquelles sont inscrits le voeu de Mgr Freppel et celui de Mgr Rumeau renouvelant le premier et la date de l'érection, le 10 juin 1923. 

Les armes de la nouvelle basilique placées sur le mur sont sur fond d'azur deux fleurs de lys et sur fond de gueule Marie-Madeleine pénitente. 

La cérémonie s'achève milieu du recueillement de nombreux fidèles qui remplissaient la nef de l'église. 

                            

                                      La procession

 

L'après-midi, des vêpres solennelles furent chantées par Mgr Grellier, évêque de Laval, assisté de M. Baudriller et Mgr Thibault. A la suite des vêpres, la procession parcourut les principales rues du quartier, fleuries et gracieusement décorées. Il n'est pas exagéré d'évaluer à dix mille le nombre de personnes qui y assistaient. 

Au retour fut bénie la statue du Sacré -Coeur qui orne la façade de l'église. Cette statue est la reproduction exacte de celle qui est placée sur le tombeau de Pie VIII à Saint -Pierre de Rome, Dieu le fils, tend les bras à toute l'humanité et montre son coeur sous ses vêtements entr'ouverts.  

Mgr Crosnier prononça un magistral discours et le cortège rentra à l'église où fut chanté le "Te Deum" d'actions de grâces suivi de la bénédiction. 

Remarquons en terminant que cette grande solennité de l'érection en basilique mineure de l'église de la Madeleine est célébrée l'année où Mgr Rumeau fête son double jubilé de prêtre et d'évêque. Pie XI a voulu ainsi donner à l'évêque d'Angers un double témoignage à son talent et à son zèle.                     

                

(article du Petit Courrier de juin 1923)

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8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 22:17

Aujourd'hui sur un parcours millénaire qui n'a subi d'autre modification que de ne plus s'arrêter dans la chapelle de l'abbaye du Ronceray, les Angevins se presseront pour voir défiler la traditionnelle procession du Sacre.

Pour peu que le soleil qui semble revenir de lointains pays, veuille bien être des nôtres, et fêter sur les brocards l'or, l'argent, l'écarlate, l'azur, l'émeraude des ornements, sa rutilante note, ce sera encore une bien jolie fête à laquelle chaque année, on conserve tout son éclat.

On en sait les origines. Ici même, je les ai exposées en détail.

C'était une coutume dès le XI siècle, dans l'ordre de Saint Benoît, de porter processionnellement le Saint Sacrement à diverses époques de l'année. En 1264, le pape Urbain IV décida qu'elle sera observée par toute la Chrétienté. Mais déjà à la fin du XI un événement avait appelé l'attention générale sur Angers. L'archidiacre de la cathédrale, Béranger (mort en 1088) avait osé prêcher une doctrine sur l'Eucharistie qui n'était pas orthodoxe. Il fut condamné et fit amende honorable.

Par mesure de réparation, une procession solennelle s'organisa allant de la cathédrale à ce même Tertre Saint Laurent où, dans le cimetière , situé aux abords d'une église , aujourd'hui en ruines et qui passa longtemps pour le monument religieux le plus ancien de l'Anjou, l'hérésiarque avait exposé ses erreurs.

De telle sorte que la Procession angevine aurait précédé le décret d'Urbain IV de plus de 150 ans. Quoiqu'il en soit, ce devint bientôt une grande et célèbre solennité dont la renommée se répandit par toute la France et elle attira toujours un grand nombre d'étrangers et même des visites royales.

Au XV siècle, les corps de métiers y participaient déjà. En 1513, leur défilé fit l'objet d'une longue ordonnance de police, souvent rappelée depuis. En même temps, était fixé l'ordre dans lequel devaient partir les douze brancards appelés "torches" fournis par douze corps de métiers sur lesquels étaient disposés des personnages de cire représentant des scènes de l'Ecriture sainte. Et ce n'était point une des moindres curiosités, ce que rappelle sur une échelle beaucoup plus grande les chars de la célèbre procession de Séville encore actuellement.

Le Sacre n'était pas seulement une fête religieuse pour les Angevins, c'était aussi une période de réceptions. A cette occasion, on recevait les membres de sa famille et ses amis, qui, sans être des parents, sont assez chers pour qu'ils puissent être considérés comme tels. C'était l'époque où "les cousins du Sacre venaient".

En dehors de ces réceptions familiales, le corps de ville, maire et échevins en tête, se réunissaient en un festin dont le menu d'après une facture qui se trouve aux archives municipales (série ancienne) était copieux et très soigné.

Angers ne conserva pas le monopole de cette procession et bientôt il n'y eut nulle bourgade d'Anjou qui n'en eut aussi une. A Saumur notamment, elle était très importante.

A travers les archives des délibérations, de ce qu'on appelait le "général des habitants", sorte d'assemblée où les "manants et habitants" d'une paroisse venaient délibérer des affaires communes, on voit de très nombreuses décisions prises à cette occasion.

Les comptes des fabriques des églises nous donnent ainsi des détails curieux et parfois pittoresques. C'est ainsi qu'à Saint Aubin des Ponts -de-Cé, au milieu du XVIII siècle, les habitants approuvent l'acquisition de poudre "à poudrer" les enfants de choeur et de poudre à canon pour la salve d'artillerie qui sera tirée par les deux couleuvrines du château. Ecrire l'histoire détaillée de notre procession du Sacre est un vaste sujet, plus vaste qu'on ne peut le supposer. Il n'a été jusqu'ici qu'effleuré car il reste à relever de nombreux documents et elle se lie très intimement à l'histoire générale de la cité.

V. Dauphin

 

(article du Petit Courrier de juin 1923)                            

         

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 19:56

Lettre adressée au Journal de Maine et Loire en 1777

Quel préjugé tyrannique s'empare de tous les coeurs ! D'où vient que l'amour fuit l'hymen et redoute les douces chaînes ? Je vois par dessus tout une foule d'êtres isolés que l'inconstance accompagne, que l'ennui poursuit, que les dégoûts assiègent. Le sentiment n'est plus qu'une erreur, l'amour confiant une chimère et le plaisir un délire partagé. Je trouve à chaque pas des coeurs fermés à la tendresse, des vieillards qui n'ont vécu que pour s'étourdir ou s'égarer, des femmes que le souvenir d'avoir été, pousse avec effort dans la retraite, où de longs chagrins les attendent. 

C'est vainement que je cherche l'image du bonheur au milieu de ces objets, qui en formant des liens faciles à rompre, veulent conserver la liberté dans les bras de l'amour ; je ne vois autour d'eux que trouble, vanité, folle dissipation, perfidie et déshonneur...Mais si je porte mes pas au sein d'une famille heureuse où les noms sacrés de Père, de Mère, d'époux, ne se prononcent jamais sans émotion , où la pratique des devoirs est un délassement, où la vertu n'est pas un vain titre...Ah ! Combien mon âme est délicieusement affectée ! Je trouve l'honnêteté douce et prévenante assise à la porte, la liberté me prend par la main et me conduit par-tout, la vérité me découvre les différentes scènes de ce tableau ravissant , je vois la sérénité peinte sur le front des maîtres et la gaieté dans leurs yeux ; un groupe d'enfants se livre devant moi aux folâtres jeux de l'innocence...Je sors de ce style de paix et de bonheur et les voisins me parlent avec vénération de ce que j'ai vu. 

Siècle des premiers âges ! Toi dont on ne conserve qu'un stérile souvenir, ah ! renais encore, s'il est possible ! Renais pour nous faire aimer de nouveau la vie domestique, la société conjugale, les plaisirs de la raison, de la franchise et des moeurs ; que la jeunesse ne perde plus ses beaux jours à la poursuite d'un fantôme de bonheur, que le luxe qui corrompt toutes les jouissances , qui éloigne souvent des coeurs faits pour s'unir, disparaisse de nos climats pour faire place à la simplicité...Et si mon voeu n'est qu'une chimère, qu'elle soit celle des Rois et des Princes , il sera bientôt accompli.                              

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1 octobre 2016 6 01 /10 /octobre /2016 08:55
MARIE ISABELLE D'ORLEANS ET FERDINAND D'ORLEANS   MARIE ISABELLE D'ORLEANS ET FERDINAND D'ORLEANS

MARIE ISABELLE D'ORLEANS ET FERDINAND D'ORLEANS

En juin 1996, la Comtesse de Paris est venue à Angers pour assister à la première communion de son jeune fils Ferdinand, le duc de Montpensier. Elle a reçu à l'hôtel d'Anjou où elle était descendue un certain nombre de membres de la jeunesse royalistes. 

Marie Isabelle d'Orléans infante d'Espagne et comtesse de Paris est née le 21 septembre 1848 à Séville et décédée le 23 avril 1919 près de Séville. Elle est une descendante du roi Louis Phiilippe et pour les orléanistes une reine de France. 

Son fils Ferdinand d'Orléans , duc de Montpensier, est né le 9 septembre 1884 à Eu en Normandie et est décédé le 30 janvier 1924 à Randan. Il est l'arrière petit-fils du dernier roi des Français Louis Philippe 1er.

 

article du Petit Courrier paru en 1896 

 

Le journal de Maine et Loire consacre à la Première communion du jeune duc de Montpensier un compte -rendu qui emprunte évidemment son importance exceptionnelle , pour ne pas dire insolite, à la présence d'une partie de la famille d'Orléans. 

Cette intervention de la presse royaliste dans une cérémonie d'une religieuse intimité, s'explique trop naturellement pour qu'il nous convienne de critiquer notre confrère dans l'exercice qu'il a fait de son droit. Nous ne sommes pas non plus surpris que Mgr Mathieu ait tenu à rehausser de sa présence et de sa parole l'éclat de cette rare solennité. 

Même dans son allocution, toute parfumée d'encens qu'elle soit de l'éloquence flatteuse des Cours, nous n'en retiendrons que le passage suivant "Personne non plus qui ne salue avec un profond respect la Princesse, qui eût tant mérité de porter la couronne royale  s'il suffisait pour cela dans "cette France qui tue ses prophètes et oublie ses traditions' de la triple couronne de la bonté, de la grâce et de la piété". Nous ignorons si parmi les prophètes, Mgr Mathieu range l'infortuné Louis XVI et s'il a voulu mêler à la fumée de son encens cette évocation sinistre. Il est plus probable que l'évêque d'Angers n'y a point songé et que parlant d'abondance de coeur, il a voulu tout en affichant ses opinions orléanistes, s'associer aux regrets d'un auditoire bien pensant. Il serait difficile à Mgr Mathieu de prêter à ses paroles une autre interprétation, c'est ainsi qu'elles ont été comprises et pourquoi elles ont eu un écho douloureux chez tous ceux qui pensent que la France, libre d'oublier ou de rénover ses traditions, plane bien au-dessus des dynasties et des archevêques. 

Par ailleurs, la profession de foi imprévue de Mgr Mathieu emprunte une importance toute particulière à cette circonstance que ce prélat vient d'être promu à l'archevêché de Toulouse.

Faudrait-il voir dans les paroles que nous venons de relater , d'après le journal, quelque amertume d'un avancement forcé auquel l'évêque d'Angers aurait désiré , dit-il, se soustraire ? Nous ne le pensons pas. Mais alors pourquoi le Ministre des Cultes avec qui Mgr Mathieu entretient dit-on commerce d'amitié, a t-il refusé d'éloigner des lèvres de l'évêque d'Angers le calice de l'archiépiscopat ?                   

 

   

  

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27 septembre 2016 2 27 /09 /septembre /2016 20:43
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers
Le Palace et les Variétés à Angers

Le cinéma a pris une telle place dans nos moeurs que bien peu de nos concitoyens restent insensibles à l'attraction magique de l'écran illuminé, miroir de la vie, depuis dix ans déjà (comme le temps passe), parle et chante avec un réalisme à peine croyable !...

La grande presse, les magazines et les journaux spécialisés, la radio même informent régulèrement de la production cinématographique et de la vie des stars dont les photos largement diffusées , font rêver plus d'un potache ou d'une midinette. C'est un fait, le cinéma nous est devenu indispensable, il a remplacé les jeux du cirque et la "permission de spectacle" qu'accorde chaque semaine Madame à sa femme de chambre est aussi logique que justifiée.

Mais se doute t-on du mal que se donnent les entrepreneurs de spectacle pour donner satisfaction aux spectateurs ? Ces gens qui semblent ne rien faire comme tout le monde , travaillent quand les autres se reposent. 

Est-ce à dire qu'ils ont le droit de se croiser les bras au moment où chacun exerce sa profession ? Pas du tout !...Donner une séance n'est rien, il faut la préparer. Et cependant que nos compatriotes jouissent en paix de leurs vacances, ceux qui nous dispensent des joies de l'écran, préparent fébrilement, au milieu des prospectus et des coups de téléphone les programmes de la prochaine saison. 

Curieux comme il se doit pour un journaliste, nous sommes allés demander à monsieur Saulèze qui préside comme chacun le sait aux destinées des plus grandes salles de notre ville, ce qu'il nous avait préparé pour la saison 38-39 et c'est ainsi que nous avons appris que les Variétés et le Palace se partageront les productions suivantes :

Légion d'honneur , grand prix du cinéma français 1938 et grand prix Nord-Africain du cinéma français 1938 avec Marie Bell, Abel Jacquin.  

Quai des brumes, l'actuelle exclusivité de Marivaux avec Jean Gabin, Michelle Morgan et Michel Simon.  

Barnabé,  l'actuelle exclusivité de Max Linder avec Fernandel, Jacqueline Gaël.  

Chanteur de minuit, le premier film de Jean Lumière avec Yvette Lebon.

Les hommes sans nom, de Des Vallières, un film sur le vrai visage de la "légion étrangère"avec Constant Rémy et Tonia Fédor.

L'étrange monsieur Victor avec Raimu, Pierre Blanchard, Madeleine Renaud.

Prisons sans barreaux avec Corrine Lechaire -la révélation de l'année- et Annie Ducaux.  

L'Occident de Kistemackers avec Charles Vanel et Jules Berry. (je ne les cite pas tous ...) 

Comme on le voit, l'automne et l'hiver s'annonçent bienpour les amateurs de beaux spectacles.    

 

Article du Petit Courrier paru en 1938.  

 

En illustration , quelques photos du Palace et des Variétés et une vidéo du film "L'étrange monsieur Victor". 

Le Palace a été construit en 1922 , a abrité un cinéma sous l'enseigne "Le Familia" puis "Le Palace" jusque dans les années 1980. Il est situé à l'angle des rues Louis de Romain et Franklin Roosevelt. 

Le cinéma " Les Variétés" a fermé depuis peu et se situe Bd Foch.    

 

  

            

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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 08:25
LE ROI RENE : SCULPTURE DE GARI
LE ROI RENE : SCULPTURE DE GARI
LE ROI RENE : SCULPTURE DE GARI

Le sculpteur Gari né dans la région expose actuellement ses oeuvres au théâtre d'Angers.

Son oeuvre "Sur les Talons" représente le roi René d'Anjou. Elle est visible devant le théâtre , place du Ralliement.

Le roi René surnommé par les historiens le bon roi René , naît à Angers le 16 janvier 1409. Il est le fils cadet du duc Louis II d'Anjou (1384-1417) et de Yolande d'Aragon, fille du roi d'Aragon et de Yolande de Bar.       

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22 septembre 2016 4 22 /09 /septembre /2016 07:20

Fin 1938, les réservistes sont rappelés. C'est l"occasion de retrouvailles entre anciens soldats. 

 

Article du Petit Courrier en 1938

 

Je les ai retrouvés, ces vieux godillots ferrés ! Je les ai retrouvés cette vieille culotte trop courte et cette pauvre vareuse trop étroite et ce ceinturon usagé...Tout cela que j'ai quitté il y a 20 ans en disant "Adieu guenilles, qui avec moi fûtes à la peine...Maintenant que les mites vous dévorent !"

Et j'ai retrouvé tout cela intact avec cette odeur de naphtaline et de renfermé ; tout cela brossé, rangé plié, repassé. 

Ces chères vieilles choses détestées, va !  Mais quel coeur a donc battu soius cette vareuse , bon dieu, puisqu'il y a là visible , la trace qu'à laissé un ruban ? 

Ruban vert ou peut-être ruban rouge ?

Je ne pense pas, je n'espère pas qu'on en replace un à cet endroit. 

Et puis, j'ai retrouvé de grands amis, des amis que je ne connaissais pas mais qui étaient des "frères".

Eh bien ! Mon vieux !

Tu parles !

Non, sans blagues !

Tu crois ?

Mais si mon vieux !

Et comme conclusion à cette très importante conversation, je dois ajouter ma réflexion qui a recueilli l'unanimité ...Si le Maître de l'Allemagne sait que je suis là, moi calme et résolu, eh bien, il hésitera, il capitulera. 

Chères vieilles choses détestées ! Les revoilà aussi les expressions oubliées "Le pinard", "Le jus", "T'en fais pas", "On les aura les pieds gelés", "Le cabot, le juteux et le colon", "On tient le coup", "Le secteur est calme", "La popote est bonne", "Quand Madelon vient nous servir à boire", et puis un rayon de soleil perce les nuées : "Sous la tonnelle, on frôle son jupon", "On tiendra le coup, nous autres, pourvu que les civils tiennent ". 

Ta femme à toi, qu'est-ce qu'elle a dit ?

Elle a dit : fais attention à toi surtout.

Elles disent toutes ça !

La mienne a dit : maintenant que tu pars, qui va monter le sable au grenier ! Alors, avant de partir, j'ai monté le sable au grenier...pour la défense passive !

Nous reviendrons fiers, grandis de notre sacrifice. Et nous aurons des droits sur ceux qui n'ont pas été rappelés !  

Et puis, il nous faudra aussi penser à descendre le sable du grenier !

 

G.D

 

 

 

 

 

 

       

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