400 avant JC vivait à Tarente un homme illustre entre tous, philosophe, astronome, général, choisi 7 fois comme chef d'Etat par ses concitoyens, Archytas de Tarente.
Vous vous étonnerez sans doute de vous voir parler d'un homme aussi grave, dans une page d'enfants. Le motif de ce "papier" est qu'Archytas a inventé, entre autres choses, 3 jeux d'enfant qui ont contribué à notre bonheur et pour certains d'entre vous continuent ce rôle.
Le premier est le hochet. Il faut croire que notre savant était surtout un excellent père de famille car il faut une dose de patience et une véritable abnégation pour tolérer de pareils instruments autour de soi. Il est vrai qu'il ne connaissait pas la portée de son invention ! Les premiers hochets ne ressemblaient que de fort loin à ceux d'aujourd'hui. Ils se composaient d'une sorte de croissant, d'une lyre parfois, dont les deux branches étaient réunies par de petites baguettes de métal sur lesquelles on enfilait des disques en cuivre ou en argent. Le tout était fixé à un manche et lorsque l'enfant secouait son instrument, il se produisait une musique argentine du plus délicieux effet. Je ne puis cependant affirmer que les parents en jugeaient toujours ainsi.
Les hochets de notre temps composés d'une sphère de celluloïd renfermant quelques petites particules lourdes sont plus discrets, heureusement, mais moins artistiques.
La deuxième invention d'Archytas de Tarente est la crécelle, elle aussi, instrument de musique du premier âge, et instrument de torture pour les oreilles des parents. Je n'ai pas à vous décrire le fonctionnement de la crécelle. Vous savez tous comment une petite lamelle de bois surélevée par les dents d'un pignon et se rabattant sur un bloc de bois, produit un sonore craquement. Chose curieuse, ce jouet est devenu , aux premiers siècles, un objet liturgique, destiné à remplacer les cloches des églises aux époques où il était interdit de les sonner. La crécelle a retrouvé aujourd'hui , pour notre malheur, son rôle primitif.
La dernière invention d'Archytas qui nous intéresse, est celle du cerf-volant, du moins je le suppose. En effet, les historiens de l'époque nous parlent avec force détails et en termes admiratifs d'une colombe mécanique due à l'illustre savant. Cette colombe mécanique, étant donné qu'on ne connaissait aucun moteur en ce temps lointain, ne pouvait être autre chose qu'un cerf-volant ou peut-être une sorte de planeur. J'opine en faveur de la première hypothèse, plus vraisemblable.
Ne croyez pas qu'Archytas de Tarente se soit contenté de découvertes destinées aux enfants. Il a inventé la vis, la poulie, que sais-je encore ? Mais nous autres enfants et jeunes gens, lui devons un grand tribut de reconnaissance pour avoir daigné mettre ses connaissances et son intelligence à contribution pour nous amuser.
Article paru dans le Petit Courrier en 1934
(En fait, la colombe volante d'Archytas de Tarente fut le premier objet volant autopropulsé de l'Antiquité. Il se composait d'une coque légère mais résistante qui avait la forme approximative d'une colombe ou d'un pigeon et qui contenait une vessie de gros animal. Le pigeon aérodynamique était placé contre une chaudière étanche, dont l'ouverture était raccordée à celle de la vessie (on pouvait utiliser aussi un cylindre à air comprimé). Lorsque la pression de la vapeur ou de l'air dépassait la résistance mécanique du raccord, le pigeon s'élançait et poursuivait son vol sur quelques centaines de mètres, sous l'effet de la pression du gaz comprimé éjecté de la vessie selon le principe de la réaction)
Source Aulu-Gelle "Les nuits attiques"